30/03/2016
MORTALITE INFANTILE
Un nouveau né meurt toutes les six heures au Cameroun
La faiblesse du plateau technique, le non professionnalisme du personnel soignant parmi les causes de ces nombreux décès de bébés dans nos institutions sanitaires.
Couplé à ceux des jumeaux Koumatekel, les décès des quintuplés de la famille Kimi à l’Hôpital central de Yaoundé risquent dans un avenir proche, de faire de nouveau hausser le taux de mortalité infantile au Cameroun. Surtout si rien n’est fait. Selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) 2011, le taux de mortalité des enfants de moins de 5ans est de 122 pour 1000 naissances vivantes, celui de la tranche de moins d’un an de 62 décès pour mille naissances vivantes, alors que le ratio de mortalité maternelle est passé de 430 à 782 décès pour 100 000 naissances vivantes entre 1998 et 2011. Et les statistiques actuellement disponibles sur le nombre de cas par jour ne sont guère reluisantes. Celles-ci font état de ce que : « une femme meurt toutes les deux heures, un nouveau-né meurt toutes les six heures ».
En cause d’après Dr Jeannette Wogaing, interviewée par nos confrères de Sweet-Fm, la carence en personnel et la faiblesse du plateau technique dans nos formations sanitaires. En 2011, seulement 129 sages-femmes avaient été recensées au Cameroun, - dû entre autres au fait de la suspension de leur formation depuis 1987-, pour un besoin estimé à 5400, selon les normes internationales. « Dans toutes nos maternités publiques, on n’a pas de médecin, ce sont les infirmiers, comme je l’ai toujours dit. On doit avoir les sages-femmes qui réfèrent la malade auprès du médecin », martèle l’auteur d’une thèse intitulée : « Maternité et décès maternels à Douala (Cameroun) : approche socio-anthropologique ». Cette situation pourrait être résolu à travers la mise en œuvre du programme de renforcement de ressources humaines en santé de la reproduction initié par l’Etat du Cameroun en particulier et du Programme Multisectoriel de lutte contre la Mortalité Maternelle, Néonatale et Infantile en général, qui bénéficie d’un appui financier et technique du Fonds des Nations Unies pour la Population (Unfpa).
Couveuse
La problématique de la qualité voire de la quantité du plateau technique persiste. Causant de nombreux décès de bébés : « Parce qu’il n’a pas été bien pris en charge, parce qu’il y a eu infection, parce qu’il est prématuré, parce que le plateau technique ne peut pas le prendre en charge. C’est un problème qui va durer encore et encore ». En outre poursuit l’anthropologue, « Le fait que les couveuses ne soient pas toujours dans les salles de naissance est aussi un problème ». Car explique cette dernière, « Parce qu’il y a parfois, les services de la néonatalogie ou les services de la prématurité…si le fœtus sort avant un certain terme, on ne pourra même pas le transporter de l’espace de naissance pour le lieu où il faut le mettre en couveuse ». Et de citer en exemple le cas de l’hôpital central de Yaoundé. « Quand il y a saturation à la maternité, il faut aller au niveau de la Fondation Chantal Biya qui est quand même éloigné par rapport au pronostic vital du prématuré ».
Cet espace devrait à son avis se trouver directement dans les maternités. « Il y a des enfants qui naissent ayant des insuffisances respiratoires. Il faut les transporter vers les salles de réanimation. Alors qu’il devait avoir cet espace là dans la maternité. Donc nos maternités sont incomplètes en termes de service qualité et en termes de qualité du personnel », déplore encore ce médecin. S’agissant du séjour des nouveau-nés dans les couveuses, leur coût varie en fonction de la formation sanitaire. Soit par exemple 5000Fcfa, la nuit à l’hôpital Laquintinie de Douala. Ces frais s’élèvent à 13 500 pointés pour dix jours à la Fondation Chantal Biya. Tant pis si vous en faites moins !
Nadège Christelle BOWA
source Le Messager n°4544 du mercredi 30 mars 2016
12:55 Publié dans santé maternelle et infantile | Lien permanent | Commentaires (0)