16/07/2015

DES ENFANTS PARENTS A LOLODORF

Grossesses précoces/avortements 

Les  grossesses non désirées chez les adolescentes demeurent une question de santé publique.

Au lycée de Lolodorf dans le Sud Cameroun, l’année scolaire 2006-2007 n’est pas à son terme. Mais déjà, six cas de grossesses et un avortement ont été enregistrés. Le cas le plus insolite concerne cette élève de la classe de 6e,  engrossée par un garçon du Cours moyen deuxième année. Pour les autres, on recense  deux en classe de 4 et de 3e et un dernier cas en Première.

Dans cette région, l’activité sexuelle est très accrue notamment chez les adolescentes. Cependant que le taux de prévalence contraceptive est estimé à 2,18% contre 13% pour l’ensemble du pays. « L’abstinence, de même que l’usage des préservatifs est nul surtout chez les jeunes filles de la 6e en 4e »,  confie le  surveillant général du Lycée de Lolodorf, Jean Mve Mvondo. Ce qui justifie le taux fort élevé du nombre de grossesses non désirées enregistrées dans cette catégorie de la population.

« C’est un fléau ici », affirme-t-on sans ambages au Commissariat de sécurité publique (Csp) de Lolodorf. « Nous sommes accablés par les cas de grossesses précoces chez les enfants de 13 à 14 ans. C’est presque une épidémie…ce n’est plus une histoire à cacher. On ne peut pas vous donner les chiffres exacts. Mais si vous allez au Lycée, sur 5 filles, 3 sont enceintes » poursuit notre interlocuteur. Toutefois, il indique que de décembre 2006 à Avril 2007, sur saisine des parents des filles engrossées, le Csp de Lolodorf a enregistré cinq plaintes pour « outrage sur mineure suivi d’une grossesse ».

A la Gendarmerie nationale, trois plaintes pour « détournement de mineures suivi de grossesse » ont été enregistrées au mois d’avril 2007. Les trois enquêtes sont encore en cours. Ces chiffres semblent bas. Mais d’après Mbida Oyono, commandant de brigade, ce n’est qu’une impression. Car, parlant du phénomène de grossesses précoces chez les adolescentes, il affirme : « c’est récurent. Les filles accouchent ici à un bas âge». Seulement précise-t-il, de nombreux parents préfèrent les arrangements à l’amiable aux Affaires sociales ou ailleurs.

Deux alternatives s’offrent à ces enfants précocement enceintes. Soit elles  assument la grossesse et décident de la mener à terme. Ou bien, elles se réfugient dans les avortements, très souvent clandestins. Malgré les conséquences néfastes, elles sont de plus en plus nombreuses, ces filles qui choisissent malheureusement la dernière solution. La peur du  qu’en dira-t-on, la colère des parents, l’abandon du partenaire etc., sont autant de facteurs qui les y conduisent.

Dans un cas comme dans l’autre, le choix effectué a une incidence sur la vie de la jeune fille et par ricochet sur celle de la société. A ce sujet, à Lolodorf, il n’est pas rare de rencontrer un couple d’adolescents, des enfants sans encadrement parental, qui faute de moyen, ne reçoivent aucune éducation. Ils deviendront  au pire des cas des brigands et des prostituées.

Selon les sociologues, la pauvreté et la misère ambiante sont les principales causes de ce fléau qui mine la localité. La démission des parents est aussi indexée. « Il y a une attitude qu’il faut déplorer dans notre région. Ici, les parents abandonnent les enfants surtout les filles. Quand elles ont passé 15 ans, ils ne s’occupent plus d’elles. Elles doivent se débrouiller pour survivre. Ces enfants vulnérables sont exposées » souligne le surveillant général du Lycée de Lolodorf. Jean Mve Mvondo soutient également que certains parents cupides envoient carrément leurs enfants à la prostitution et attendent dans l’ombre.

Nadège Christelle BOWA

 

Quelques données en santé de la reproduction

Situé dans la province du Sud Cameroun, le district de santé de Lolodorf appartient au département de l’Océan. Il couvre trois arrondissements (Bipindi, Mvengue, Lolodorf) et une partie de l’Arrondissement d’Akom II. Selon des statistiques produites par l’Hôpital de district de Lolodorf, la population en 2007 est estimée à 59 224 habitants. 23% de la population, soit 13 622 sont des femmes en âge de procréer (15-49 ans), tandis que 47% soit 27 835 sont des enfants de 9 à 14 ans.

-         morbidité et mortalité maternelle  = 42,2 pour 100 000 naissances vivantes.

-          taux de d’utilisation de la CPN = 33,9% contre 80% au Cameroun

-         Taux de prévalence contraceptive = 2,18 contre 13%

-         Taux d’accouchements assistés = 12,72% contre 62%

-         Vaccination (VAT II et plus) = 5,12%

-         Taux de couverture en post-natale = nul

 

 

 

Commentaires

bon boulot Na!

Écrit par : Adrienne Engono Moussang | 16/07/2015

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