16/07/2015

MORTALITE MATERNELLE

Le faible taux d’utilisation des contraceptifs mis en cause

En 2013, le  Cameroun a enregistré 490 000 grossesses non planifiées. 80 sur 100 sont survenues chez des femmes qui n’utilisaient pas de méthodes de contraception moderne. Ce qui entraîne des complications qui boostent le taux de mortalité maternelle. Pour cette étude, investir dans les services de contraception a de nombreux avantages autant sanitaires que financier.

Au Cameroun, 63% des femmes qui veulent éviter une grosses n’utilisent pas de méthode moderne de contraception. Ce sont ainsi près d’un million de camerounaises qui vivent une grossesse non planifiée. En 2013, 2,3 millions de camerounaises sexuellement actives qui souhaitaient reporter leur prochaine grossesse (72%) ou ne voulaient plus du tout avoir d’enfants (28%). Cependant, seules 37% de ces femmes avaient recours à une méthode de contraception moderne. Selon l’Oms, il s’agit entre autres de : stérilisation masculine et féminine ; pilules, préservatifs, stérilet, implants, etc. Les 63% restant ont des besoins non satisfaits de contraception. Si 18% d’entre elles comptent sur des méthodes traditionnelles, 45% n’utilisent aucune méthode.

Ce faible taux d’utilisation des contraceptifs modernes a de fortes répercussions sur la santé des camerounaises, leur famille et le système de santé national. C’est ce que détermine ce rapport de l’Institut de formation et de recherche démographiques (Iford) Cameroun et du Guttmacher Institute aux Etats Unis, présenté le mardi 29 juillet 2014 à Yaoundé. Voilà qui entraîne les taux élevés de grossesses non planifiées et alimente les statistiques alarmantes des taux de morbi-mortalité maternelles dans le pays. Dans un contexte où près de 6 000 camerounaises meurent chaque année suite à des complications de grossesse, environ 30% de ces femmes ne voulaient pas être enceintes au moment où elles l’ont été. De multiples cas de décès et d’invalidité maternels font suite aux avortements à risque auxquels de nombreuses femmes ont recours lors d’une grossesse non planifiée. Selon l’étude suscitée 40% des grossesses sont planifiées et 36% débouchent sur un avortement souvent clandestin au regard de la législation très stricte. Ce qui est à l’origine des complications qui mettent en danger la vie et la santé des femmes.

2,7 milliards de Fcfa

Toutefois explique Pr Gervais Beninguisse, chercheur : « Les résultats montrent que si on investit davantage dans la planification familiale, on pourrait éventuellement avec plus d’efficacité baisser le nombre de grossesse non désirée par conséquent le taux de mortalité maternelle et mettre de l’argent de côté qui pourrait servir à autre chose ». Ce dernier indique par ailleurs que la satisfaction des besoins de contraception des femmes entraînerait de très nombreux avantages parmi lesquels : la réduction  de 373 000 cas de grossesses non planifiées ; d’avortements et de fausses-couches. De plus, le nombre de décès maternel diminuerait de plus de 20%. Soit cela permettrait sur le plan sanitaire d’éviter près de 187 000 grossesses non planifiées par an ; donc 95 000 naissances non planifiées, 65 000 avortements provoqués et 600 décès maternels en moins.

L’étude suggère aussi des gains en argent. Ainsi, répondre à la moitié des besoins de contraceptifs modernes se traduirait par une économie nette de 2,7 millions de dollars Us soit 1,3 milliards de Fcfa. Tandis que la satisfaction totale de ces besoins permettrait de sauvegarder 2,7 milliards de Fcfa. Une étude de l’Usaid soulignait déjà en 2009 que : « L’accès et l’utilisation accru de la planification familiale permettrait nettement de réduire les coûts pour atteindre certains Omd  (Objectifs du millénaire pour le développement) et contribuerait directement à la réduction de la mortalité maternelle et infantile ». En outre relève Dr Hélène Kamdem de l’Iford, l’argent économisé pourrait être investi dans d’autres secteurs accélérant dès lors la capacité du Cameroun à atteindre ses objectifs de développement.

 

Nadège Christelle BOWA

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