16/07/2015

CONTRACEPTION

25% des besoins ne sont pas satisfaits au Cameroun

Selon le Dr Nana, gynécologue, si on augmente le nombre de femmes qui prenne la contraception correctement, on va diminuer de 30% le taux des avortements avec une incidence positive sur la mortalité maternelle.

 

« C’est une réalité. Les femmes meurent à cause de l’avortement», martèle Dr Nana Philipp gynécologue à la maternité principale de Yaoundé. C’était vendredi 1er mars dernier à la Camnafaw mimboman à Yaoundé. A la faveur d’une rencontre organisée par le Réseau des journalistes pour l’application du Plan de Maputo impulsé par la Camnafaw, Ong de santé camerounaise. Réflexion organisée en prélude a précisé Adrienne Engono, la présidente, de la journée internationale de la femme le 8 mars prochain. Pour étayer ses propos l’expert par ailleurs chargé de cours à la Faculté de médecine et de science biomédicale cite les statistiques produites par l’Oms. Selon cette organisation, 15% de la mortalité maternelle est liée à l’avortement. Si partout dans le monde cette mortalité maternelle a baissé, -247pour 100 000 naissances vivantes, 97% des femmes qui meurent sont dans les pays en développement (Afrique et Asie)- au Cameroun regrette Dr Nana, elle a plutôt augmenté. « On est à 782 pour 100 000 naissances vivantes contre 669. Et, il existe des disparités dans les régions. Dans certaines, le taux est tellement élevé qu’on peut penser qu’on n’y fait rien. C’est comme si on laissait les femmes au bon vouloir de la chance ».

Chaque année dans le monde, on recense 20 millions d’avortement à risque. Cela signifie analyse Dr Nana, qu’il y a 20 millions de grossesse non désirées, non planifiées. 70 milles meurent pour cause de complication liée à l’avortement lequel se situe parmi les 5 premières causes de la mortalité maternelle. Au Cameroun, il est 3e après l’hémorragie, les maladies hypertensives, c’est l’infection et très souvent l’avortement en est la cause. En Afrique subsaharienne, la mortalité maternelle est de 1020 pour 100 000nv. Selon une enquête réalisée dans les années 90 à l’hôpital central, 30 à 40% du taux de mortalité maternelle était lié à l’avortement. Des chiffres qui donnent froid au dos. Agression sexuelle et viol, problème mental et physique ; échec de contraception, abandon, jeune âge de la fille, pauvreté sont autant de raison qui peuvent pousser la femme à l’avortement qui peut être spontané ou provoqué. Dans ce dernier cas source de complications, c’est l’infection explique le médecin qui va conduire la patiente à l’hôpital. Que cette dernière va rejoindre dans un tableau de fièvre et de douleur. Le saignement va arriver à la sortie du bébé. Plusieurs objets sont utilisés pour mettre fin à une grossesse. Les méthodes sont parfois des plus incongrues (écorce d’arbre introduit dans l’utérus…)

Diminuer de 30% le taux des avortements

Le gynécologue qui se défend d’encourager les avortements précise tout de même que pour la femme qui a besoin de ce service, le centre qui l’offre doit être accessible, offrir des soins de qualité en terme de personnel formé et de plateau technique ; et doit pouvoir proposer à la demanderesse un large éventail de méthodes, « on parle de choix ». Ce qui amène au droit. La femme doit pouvoir choisir entre plusieurs options : médicaments, chirurgie, curetage… Le 2e droit étant celui d’avoir la grossesse et quand l’avoir. Ce qui implique le droit du comment ne pas avoir la grossesse. « Quand on parle d’avortement, c’est très souvent le point de départ ». Le gynécologue observe qu’au Cameroun 16% de femmes utilisent les modernes de contraception tandis que 20 à 25% des besoins en contraception ne sont pas satisfaits. Pourtant, « si on augmente le nombre de femmes qui prenne la contraception correctement, on va diminuer de 30% le taux des avortements et ceci aura  une incidence sur la mortalité maternelle ».

À son avis, si on fait la prévention première qui est celui de ne pas concevoir, « je crois que cela va résoudre tous les problèmes avant qu’il ait des complications. S’il y a grossesse, est-ce que la femme doit avoir le droit de déterminer si elle peut le porter à terme ou pas ? C’est là où se pose tout le problème avec les accords de Maputo. Selon moi, les choses ne sont pas très claires ». Aussi, il propose de déterminer les contenus. Le concept « Santé maternelle » tout court étant vague, selon lui, il faut aller plus loin. « Est-ce que la jeune fille à 14 ans violée qui se retrouve avec une grossesse, doit-elle la garder ? Est-ce que la femme venue pour une planification familiale et victime d’un échec de méthode doit continuer cette grossesse ? » sont autant de pistes de réflexion suggérée pour dépassionner le débat et déterminer les situations dans lesquelles une femme peut arriver à demander une interruption de grossesse. Le médecin reconnaît cependant qu’après ces préalables, il va falloir résoudre la question de qui sera habilité à procéder à un Ivg. « Il faut également résoudre le problème de coût, si non même en légalisant, on toujours se retrouver avec des complications parce que pour des raisons pécuniaires, certaines vont opter de se débrouiller au quartier ; le droit à l’information complète ».

 

Nadège Christelle BOWA

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