16/07/2015

LE PRESERVATIF FEMININ POUR DES FEMMES EN SANTE

Grossesses non désirées et avortement

Ce contraceptif se positionne comme un moyen de lutte contre la maternité précoce et les grossesses non désirées dans un environnement où l’on déplore une augmentation du taux de mortalité maternelle estimé à 782 décès pour 100 000 naissances vivantes.

Agée de 20 ans, Michelle, vendeuse au marché du Mfoundi à Yaoundé est maman d’une petite fille de 4 ans. Afin de pouvoir s’occuper de son enfant, la jeune fille abandonnée par le géniteur a du interrompre ses études. « Cela me fait mal. Mes camarades aujourd’hui sont à l’université », regrette cette dernière en observant que si elle avait été bien conseillée, elle n’en serait pas là. Au Cameroun renseigne Dr Léonard Bonono, coordonnateur régional de la lutte contre le Vih/Sida pour le Centre, l’âge médian des premiers rapports sexuels est de 18,7 ans pour les hommes et 17 ans en ce qui concerne les femmes. Il ajoute que sur 1000 adolescentes de 15 à 19 ans, 127 ont déjà au moins une maternité. Tandis que dans les couples, 25% des grossesses arrivent alors que les conjoints sont contre ou pas du tout prêt à les recevoir.

Toujours en termes de chiffres, la Guttmacher Institute dans un rapport sur « Les avantages à répondre aux besoins de contraception des camerounaises » estime qu’en 2013, environ 40% des grossesses enregistrées dans le pays étaient non planifiées. Alors que le taux de mortalité maternelle a augmenté selon les conclusions de l’Enquête démographique et de santé et à indicateurs multiples (Eds-Mics) passant ainsi de 669 à 782 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes entre 2004 et 2011. Des statistiques toujours d’actualité. Pour cette Ong, si une réponse était apportée à l’ensemble des besoins non satisfaits de méthodes modernes de contraception (stérilisation masculine ou féminine, les contraceptifs oraux, stérilets, contraceptifs injectables, implants et préservatifs masculins et féminins), la mortalité maternelle chuterait de plus de 20%, et les naissances non planifiées et avortements à risque de 75%.

Limites

Le Dr Bonono à qui est cher le concept de « Double protection », l’abstinence comme l’utilisation correcte du préservatif autant masculin que féminin vient résoudre la double problématique liée aux Ist-Vih/Sida et grossesses précoces et non désirées. Et le préservatif féminin en dépit de quelques préjugés entend se positionner dans la mesure où le préservatif masculin connaît quelques limites et face à l’inaccessibilité des autres méthodes de contraception moderne. Des anecdotes sur les limites du préservatif masculin, Annie Michelle Mvogo, Chef de division Vih à l’Association camerounaise pour le marketing social (Acms) en a : « Il y a des femmes qui vous disent, j’ai utilisé un préservatif masculin avec mon mari, mais je me suis retrouvée enceinte ». Mais aussi, « Vous avez des femmes qui lors des rapports sexuels doivent absolument négocier le port du préservatif masculin parce que cela ne dépend que de l’homme. Et si l’homme veut, à l’instant « t », il le met ou ne le met pas ».

Elle milite donc pour que « les femmes prennent les choses en main. Parce que laisser sa protection aux mains d’une autre personne, c’est jouer au hasard avec sa santé et sa vie ». Toutefois, précise Annie Michelle Mvog, « Le sexe est une affaire de deux personnes. Une femme n’imposera jamais le préservatif féminin dans son couple. Nous avons besoin de l’accord des hommes qui sont des supports sociaux, des supports pour que les femmes puisque se protéger et prendre soin de leur santé ». Et les expériences montrent ajoute-t-elle encore que : « lorsqu’un homme a accepté que sa femme mette le préservatif féminin, il n’y a pas de négociation. Lui-même prend plaisir à cela. Evidemment, ça devient une habitude dans le couple parce que, le préservatif féminin ne demande pas que l’homme ait une érection ». Car explique l’expert, la panne d’érection au moment du port du préservatif masculin peut constituer un obstacle à son utilisation. Des problèmes que l’on n’aura pas en utilisant celui féminin qui peut s’insérer jusqu’à 4heures avant le rapport sexuel. Mieux, « souvent même c’est l’homme qui le lui met. Ça participe du jeu sexuel. Et lorsqu’on a trouvé la bonne érection, on commence le rapport sexuel, on prend du plaisir à deux ». L’autre bénéfice majeur est celui d’avoir une femme en santé. Et donc, « la famille en santé, des enfants, la société en santé ».

 

Nadège Christelle BOWA

Les commentaires sont fermés.