07/04/2017

DIVIDENDE DEMOGRAPHIQUE INTERVIEW DU PR. GERVAIS BENINGUISSE

INTERVIEW DU PR. GERVAIS BENINGUISSE

gervais B..jpg« Le Cameroun est déjà assez proche de sa fenêtre d’opportunité »

Le 31 mars 2017, des journalistes ont été sollicités pour contribuer à l’évaluation d’un document en cours de rédaction sur le dividende démographique.  Il est intitulé : « 50 questions sur le dividende démographique en Afrique » et adresse les questions que pourraient  se poser l’homme de la rue, les décideurs, etc. C’était au cours d’un atelier facilité par les universitaires Parfait Eloundou Enyegue et Gervais Beninguisse, coordonnateur de la Cellule d’appui à la recherche et l’enseignement des institutions d’Afrique francophone (Care-Ifa), logé à l’Institut de formation et de recherche démographiques (Iford). Ce dernier revient entre autres sur les enjeux de cette rencontre avec les hommes et femmes des médias pour l’essentiel, membres du Réseau des journalistes pour la Santé et le Développement (Rejosade) anciennement appelé Réseau des journalistes pour l’application du plan d’action de Maputo (Jnmap). Mais surtout situe le Cameroun par rapport à la définition de ce concept.

 

Comment comprendre le dividende démographique ?

Le dividende démographique est l'accélération de la croissance économique qui peut résulter d'une baisse rapide de la fécondité d'un pays et l'évolution ultérieure de la structure par âge de la population. Mais pour faire simple, c’est l’amélioration du bien être dans la population qui résulte du fait que dans la population, ceux qui créent les richesses sont devenus plus nombreux que ceux qui dépendent de cette richesse.

Avec l’un de vos collaborateurs, vous avez récemment présidé une rencontre avec les journalistes pour évaluer un ouvrage en gestation sur cette thématique. Qu’est-ce qui justifie l’implication de ces hommes de médias ?

Pour que ce concept soit approprié au niveau de la population, les journalistes constituent une interface privilégiée. Et lorsqu’on parle du dividende démographique, il s’agit d’un concept technique malgré sa popularité. Le concept est très à la mode mais cela ne signifie pas qu’il soit compris. Nous avons voulu que les journalistes du fait de leur proximité avec la masse, jettent un regard simplifié pour rendre le document que nous préparons sur le dividende démographique en 50 questions, accessible à la population. Nous allons prendre en compte leur apport.

Où se situe le Cameroun par rapport à la définition que vous donnez du dividende démographique ?

Je voudrais d’abord relever qu’il y a des avancées dans ce pays puisque au niveau politique, c’est une des priorités pilotées par le ministère de l’Economie, de la planification et Aménagement du territoire (Minepat) avec l’appui des partenaires au développement comme l’Unfpa. Le Cameroun a déjà un plan d’action et une feuille de route assez claire. Maintenant, pour répondre à votre question, je dirais que le Cameroun est déjà assez proche de sa fenêtre d’opportunité dans la mesure où, il a amorcé une baisse de la fécondité même si elle est encore faible [selon le Pr. Parfait Eloundou lors d’un précédent atelier en 2016, « l’Afrique est entrée dans sa phase de transition démographique avec un passage de la fécondité moyenne de 5,7 à 4,7 enfants par femme entre les années 1990 et 2015», Ndlr]. Et qu’on commence à avoir une légère modification de la structure par âge de la population. Mais des efforts sont encore nécessaires pour que cette structure puisse être bien dominée de manière significative par les personnes qui travaillent. Cela va nécessiter qu’il y ait plus d’investissements dans le domaine de l’économie, de la santé, de l’éducation, de la jeunesse qui est l’avenir. C’est elle qui va porter les investissements et l’épargne.

Réalisée par

Nadège Christelle BOWA

Source : Le Messager n°4799 du vendredi 7 avril 2017

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