11/04/2017

DIVIDENDE DEMOGRAPHIQUE

Les 50 questions com-prendre pour l’Afrique

Leg : Le Pr Eloundou Parfait et Le Pr Gervais Beninguisse, parlent

Pour les experts de la question, il est désormais question d’élaborer des éléments qui facilitent la compréhension et la saisie d’un concept nouveau et qui offre des alternatives positives au développement du Continent africain.

Une attitude pendant la réflexionIl n’est plus question pour l’Afrique aujourd’hui de manquer le coach dans la course au développement et son affirmation à l’échelle internationale comme acteur de développement, surtout au moment où les hommes qui sont à même de produire de la richesse, sont plus nombreux que ceux qui le sont moins.

C’est dans cette optique que le 31 Mars 2017, le professeur Eloundou-Enyegue Parfait (chef de département de sociologie à la Cornell University, Etats-Unis) et le professeur Beninguisse Gervais de la cellule d’Appui à la Recherche et à l’Enseignement des Institutions Francophones d’Afrique (CARE-IFA), ont rencontré les professionnels de la communication au Cameroun pour l’élaboration d’un document qui portera sur 50 questions essentielles. A terme, celles-ci permettront de mieux saisir le concept de dividende démographique (DD) au premier chef, elles permettront également aux décideurs d’opter pour de meilleures politiques publiques basées sur le DD. Bref, « 50 questions com-prendre le DD » se veut un outil de communication (com) et de travail (prendre), il arrive après un précédent travail qui portait sur 11 questions.

Lever les équivoques

D’après le Pr Eloundou, cette notion scientifique nouvelle qui explique qu’à un moment donné de son histoire, un pays ou un continent soit majoritairement constitué des personnes actives (15 ans à 64 ans), et que celles-ci soient à même de produire de la richesse au bénéfice des générations futures, continue d’échapper à plusieurs, au rang desquels les décideurs politiques. Or, ces « bras » de la production viendraient suppléer les effets inhibiteurs de la minorité actuelle de la population (mois de 15 ans et plus de 64 ans) qui est pour l’essentielle consommatrice. Comme le dira le Pr Gervais Beninguisse, l’idée est de concilier la complexité d’un terme scientifique aux nombreuses sensibilités et perceptions erronées face à un terme nouveau, en trouvant la meilleure formulation. Ceci vient justement du fait que les théoriciens du DD ne s’accordent pas sur le sujet, que le DD a plusieurs facettes, et qu’il s’agit aujourd’hui de mettre à la portée de tout le monde la notion de DD (et son pendant, le taux de dépendance).

Quelques questions ont donc été reformulées tout au long des travaux parmi elles : la définition du dividende démographique ? Qu’est-ce qui distingue le DD des autres théories sur la population et la démographie ? Ces postulats sont-ils pertinents pour l’Afrique contemporaines ? Le DD a-t-il des retombées réelles et palpables sur le bien-être et la vie quotidienne des familles ?

Au final, une mouture en est sortie. Elle fera l’objet d’un travail plus avancée après les travaux de Yaoundé.

Hervé Ndombong

Publié dans Emergence du N° 963 du Mardi 04 Avril 2017

 

07/04/2017

DIVIDENDE DEMOGRAPHIQUE INTERVIEW DU PR. GERVAIS BENINGUISSE

INTERVIEW DU PR. GERVAIS BENINGUISSE

gervais B..jpg« Le Cameroun est déjà assez proche de sa fenêtre d’opportunité »

Le 31 mars 2017, des journalistes ont été sollicités pour contribuer à l’évaluation d’un document en cours de rédaction sur le dividende démographique.  Il est intitulé : « 50 questions sur le dividende démographique en Afrique » et adresse les questions que pourraient  se poser l’homme de la rue, les décideurs, etc. C’était au cours d’un atelier facilité par les universitaires Parfait Eloundou Enyegue et Gervais Beninguisse, coordonnateur de la Cellule d’appui à la recherche et l’enseignement des institutions d’Afrique francophone (Care-Ifa), logé à l’Institut de formation et de recherche démographiques (Iford). Ce dernier revient entre autres sur les enjeux de cette rencontre avec les hommes et femmes des médias pour l’essentiel, membres du Réseau des journalistes pour la Santé et le Développement (Rejosade) anciennement appelé Réseau des journalistes pour l’application du plan d’action de Maputo (Jnmap). Mais surtout situe le Cameroun par rapport à la définition de ce concept.

 

Comment comprendre le dividende démographique ?

Le dividende démographique est l'accélération de la croissance économique qui peut résulter d'une baisse rapide de la fécondité d'un pays et l'évolution ultérieure de la structure par âge de la population. Mais pour faire simple, c’est l’amélioration du bien être dans la population qui résulte du fait que dans la population, ceux qui créent les richesses sont devenus plus nombreux que ceux qui dépendent de cette richesse.

Avec l’un de vos collaborateurs, vous avez récemment présidé une rencontre avec les journalistes pour évaluer un ouvrage en gestation sur cette thématique. Qu’est-ce qui justifie l’implication de ces hommes de médias ?

Pour que ce concept soit approprié au niveau de la population, les journalistes constituent une interface privilégiée. Et lorsqu’on parle du dividende démographique, il s’agit d’un concept technique malgré sa popularité. Le concept est très à la mode mais cela ne signifie pas qu’il soit compris. Nous avons voulu que les journalistes du fait de leur proximité avec la masse, jettent un regard simplifié pour rendre le document que nous préparons sur le dividende démographique en 50 questions, accessible à la population. Nous allons prendre en compte leur apport.

Où se situe le Cameroun par rapport à la définition que vous donnez du dividende démographique ?

Je voudrais d’abord relever qu’il y a des avancées dans ce pays puisque au niveau politique, c’est une des priorités pilotées par le ministère de l’Economie, de la planification et Aménagement du territoire (Minepat) avec l’appui des partenaires au développement comme l’Unfpa. Le Cameroun a déjà un plan d’action et une feuille de route assez claire. Maintenant, pour répondre à votre question, je dirais que le Cameroun est déjà assez proche de sa fenêtre d’opportunité dans la mesure où, il a amorcé une baisse de la fécondité même si elle est encore faible [selon le Pr. Parfait Eloundou lors d’un précédent atelier en 2016, « l’Afrique est entrée dans sa phase de transition démographique avec un passage de la fécondité moyenne de 5,7 à 4,7 enfants par femme entre les années 1990 et 2015», Ndlr]. Et qu’on commence à avoir une légère modification de la structure par âge de la population. Mais des efforts sont encore nécessaires pour que cette structure puisse être bien dominée de manière significative par les personnes qui travaillent. Cela va nécessiter qu’il y ait plus d’investissements dans le domaine de l’économie, de la santé, de l’éducation, de la jeunesse qui est l’avenir. C’est elle qui va porter les investissements et l’épargne.

Réalisée par

Nadège Christelle BOWA

Source : Le Messager n°4799 du vendredi 7 avril 2017

Comprendre le dividende démographique


Santé de reproduction 

 

Cinquante questions  vont permettre de vulgariser ce concept qui encourage entre autres la baisse de la fécondité en Afrique.          

Par Paulette Ndong    

Un ouvrage  sur la simplification de la compréhension du dividende démographique va voir le jour en Afrique. A partir de cinquante questions, des chercheurs africains espèrent vulgariser et simplifier cet outil de développement qui tient ses racines de l’économie. D’une manière simple, il se présente comme la période au cours de laquelle ceux qui produisent la richesse sont plus nombreux que ceux qui en dépendent. Les producteurs ici renvoient aux adultes dont la tranche d’âge est comprise entre 15 et 64 ans. «C’est la tranche où le taux de dépendance est relativement bas, vu la forte concentration dans la tranche d’âge d’adultes», explique le démographe Parfait Eloundou, lors d’un atelier qui s’est tenu vendredi dernier à Yaoundé avec les membres du Réseau des journalistes pour la santé et le développement (Rejosade). 

En fait, ce qui faut savoir c’est que grâce à ce taux bas de dépendance, les sociétés ont à ce moment une meilleure opportunité d’épargner et d’investir dans le développement socioéconomique. La santé maternelle et infantile, par exemple, peut s’améliorer à la suite d’une réduction du nombre moyen de grossesses et particulièrement des grossesses à risques (accouchements rapprochés, précoces, multiples ou tardifs). 

Vu sous cet angle de réduction de la fécondité, la notion de dividende  démographique rejoint donc la théorie de la planification familiale qui est «Cet ensemble de mesures va permettre à plusieurs familles africaines d’avoir le nombre d’espacements de naissances désirées au moment voulu», souligne l’universitaire Gervais Beninguisse, coordonnateur de la cellule Care-Ifa.  

A en croire ces membres du Réseau africain pour la recherche démographique en Afrique centrale (FraNet), la réduction rapide de taux de fécondité est un début de solution pour la croissance économique mais aussi pour le bien-être des familles. «L’Afrique est entrée dans sa phase de transition démographique avec un passage de la fécondité moyenne de 5,7 à 4,7 enfants par femme entre les années 1990 et 2015», renseignait le Pr Eloundou au cours d’un atelier de formation sur le sujet en 2016. 

L’atelier fait suite à la demande du Réseau des journalistes en Santé et de Développement (ex-réseau des journalistes pour l’application du plan d’action de Maputo), qui lors de la séance de restitution de la septième conférence africaine sur la population par la présidente Adrienne Engono Moussang, journaliste au quotidien Mutations, qui avait participé à la conférence de Pretoria du 30 novembre au 5 décembre 2015, avait exprimé le besoin d’en savoir plus. La doléance a été portée au Pr Eloundou qui a décidé, avec l’aide de Unfpa, de L’Iford, à travers de Cellule d’appui à la recherche et l’enseignement des institutions d’Afrique francophone (Care-Ifa) à organiser ce premier atelier. 

Source : Mutations N°4346 du mardi 04 avril 2017