20/08/2015

SANTE DE LA REPRODUCTION

Les indicateurs de santé améliorés chez les réfugiés centrafricains

UNFPA CAMEROUNC’est l’œuvre des sages-femmes que le Fonds des Nations Unies pour la population célèbre à l’occasion de la Journée Internationale de la Sage-femme, hier 19 août. L’organisation réitère son engagement à investir et renforcer la pratique de sage-femme.

Elle contribue au miracle de la naissance. Même dans certaines conditions difficiles comme en situation de conflit ou dans des camps de réfugiés. A  l’Est Cameroun par exemple, en l’espace de six mois, à savoir de décembre 2014 à mai 2015, 24 sages-femmes et maïeuticiens sur 183 tout juste diplômés de l’Ecole des sages-femmes de Bertoua ont amélioré les indicateurs de santé de la reproduction dans les établissements de santé accueillant les réfugiés centrafricains où ils ont été déployés avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (Unfpa). La région de l’Est compte à ce jour près de 128 000 réfugiés dont des femmes en âge de procréer, des femmes enceintes, de nombreux adolescents et des jeunes. Cette forte affluence, ajoutée à un manque de personnel de la santé de reproduction en qualité et en quantité à savoir les gynécologues-obstétriciens et sages-femmes, a contribué à augmenter la charge de travail au niveau des établissements de santé hôtes.

L’affectation des nouvelles sages-femmes dans ces structures sanitaires, a permis une meilleure prise en charge de cette population qui avait des difficultés à accéder aux services de santé maternelle et infantile, de santé de reproduction des adolescents et Vih/Sida/Ist, ainsi que de planification familiale et fistules obstétricales. «Avec l’arrivée des sages-femmes, le nombre de femmes qui viennent pour les consultations prénatales est passé de 20 à 50 – 60 par mois et le nombre d’accouchement de 15 à 30-35 par mois et ce malgré la forte culture locale qui veut que les femmes accouchent à domicile », affirme Yves Bertrand Oyongo, Chef du Centre de Sante Intégré de Mbile. Du fait entre autres de la suspension de leur formation depuis 1987, en 2011, seulement 129 sages-femmes avaient été recensées au Cameroun, pour un besoin estimé à 5400, selon les normes internationales. Suite à ce constat et en raison de l’augmentation du taux de mortalité maternelle au niveau du pays ces dernières années (de 430 en 1998 à 782 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2011), dix écoles de sages-femmes ont été créées à travers le pays par le Ministère de la Santé avec l’appui technique et financier de l’Unfpa.

1 400 kits de dignité distribués

Grâce à leur présence à l’Est, les réfugiés ont pu bénéficier d’une meilleure offre de service en termes de qualité. « Le taux de partogramme bien rempli a augmenté de façon significative dans les formations sanitaires où les sages-femmes travaillent au moins en binôme », explique Dr Joseph Réné Boum, responsable du Sous-bureau Unfpa de Bertoua. Estimé à 32,14% en décembre 2014, ce taux est passé à 63,64% en mai 2015. Une  progression  justifiée par la qualité des services rendus par les sages-femmes nouvellement formées. Ainsi, 41% des accouchements, 62% des consultations prénatales et 35% des conseils en planification familiale ont été effectués par ces dernières. Certaines à l’instar de Murielle Calixte Omgba, sage-femme en service à l’Hôpital de district de Garoua Boulai ont eu l’opportunité de renforcer leurs capacités en planification familiale, « surtout en pose jadelle et injectable à cause de nombre plus élevé de réfugiées qui demandaient cette méthode».

Outre le renforcement des ressources humaines dans les établissements de santé autour des sites des réfugiés, l’appui de l’Unfpa a permis de renforcer la qualité de l’offre de services des établissements de santé à travers des dons en matériels et équipements. Selon Gabriel Tchokomakwa, Responsable humanitaire à l’Unfpa Cameroun, l’assistance apportée par cet organisme de développement international aux réfugiés vivant dans la région de l’Est s’inscrit dans le cadre de la réponse humanitaire conjointe du Système des Nations Unies. Depuis le début de l’année 2015, poursuit-il, 1365 femmes réfugiées ont bénéficié des accouchements gratuits grâce aux kits obstétricaux prépositionnés dans les établissements de santé; 40 complications obstétricales y compris 8 cas de césarienne ont été pris en charge par les VNU ; 1 400 femmes enceintes ou allaitantes ont bénéficié des kits de dignité visant à leur assurer un minimum d’hygiène dans ces conditions difficiles. Des séances de sensibilisation ont été organisées afin d’informer les populations réfugiées sur les méfaits des violences faites aux femmes. Le dispositif communautaire se renforce avec la formation et le déploiement des agents de santé communautaire (Asc) et du fonctionnement des « Espaces ados/jeunes » à l’effet d’assurer la mobilisation communautaire sur les thématiques de SR/VBG et la prise en charge spécifique de leurs besoins.

 

Nadège Christelle BOWA