20/07/2015

L’IGNORANCE DES POPULATIONS COMME FACTEUR DE PROPAGATION DU VIH

Okola

95% des femmes âgées de 15 à 49 ans et 90% des hommes de la même tranche d’âge ne peuvent pas citer trois moyens de prévention et de transmission de cette pandémie. Plan-Cameroon à travers un projet de lutte implémenté dans le district de santé d’Okola espère renverser la tendance.

 

Selon les résultats de l’enquête démographique sur la santé (Eds) menée en 2011 par l’Institut National de la Statistique, la région du Centre affiche le taux le plus élevé d’infection, soit 6,1% par rapport à la moyenne nationale qui est de 4,1%. A en croire les indicateurs de base du cadre de  suivi évaluation du projet Vih de Plan Cameroun au district de santé d’Okola, cette localité du département de la Lekié, ferait parti des zones qui font grimper ce taux de prévalence effrayant. L’ignorance y est au premier rang des causes de la propagation de la maladie. En effet, les indicateurs suscités relèvent que seulement en moyenne 5 femmes sur 100 (5,3%) âgées de 15 à 49 et 4 sur 100 (4,4%) dans la tranche des 15-24 ans citent au moins trois (3) moyens de prévention du Vih-Sida. Chez les hommes, ce pourcentage est de 10,1% soit environ 10 hommes sur 100 dans la première catégorie et 11,9% dans la seconde. Pour ce qui est de la connaissance de leur statut sérologique, on a chez les femmes testées de 15-49 ans, 13,6% contre 10,1% (15-24ans). Ce taux est au plus bas au sein de la population masculine où on enregistre respectivement 9,3% et 5,5%.

Pour ce qui est de modes de transmission de cette pandémie, l’ignorance de la population est frappante. Car seulement 6 femmes sur 100 citent trois modes de transmission et de prévention contre 12 hommes sur 100. Moins de 20% hommes et femmes connaissent les modalités de dépistage ; moins de 10% celles d’accès aux soins. Ici cependant, les femmes semblent plus informées que les hommes. L’enquête ne détermine ni le nombre de femmes ou d’hommes infectés bénéficiant d’un appui psychosocial au travers de l’Unité de prise en charge et des groupes de soutien. S’agissant par ailleurs de ce dernier, aucune des aires de santé du district d’Okola ne dispose de groupe de soutien actif aux personnes vivant avec le Vih (Pvvih).

L’objectif « zéro nouvelle infection à Vih » compromise…

Conscient de l’impact que pourrait avoir une  propagation de l’infection à Vih Sida sur les populations du district d’Okola, le Comité de Santé du district (Cosadi) a sollicité l’appui de Plan Cameroon pour la prise en charge psychosociale etthérapeutique des Pvvih. Laquelle organisation présente dans la localité depuis 2008 à travers le projet Yetam « Youth Empowerment through arts and Media » qui vise à renforcer la capacité des jeunes à se servir de l’art et des medias pour militer en faveur d’un changement de comportement eu égard aux entraves que les jeunes et les enfants rencontrent dans le respect de leurs droits, a réitéré son engagement en commémorant le 1er décembre dernier, la Journée mondiale de lutte contre cette pandémiesous le thème «Objectif zéro: zéro nouvelle infection à Vih, zéro discrimination, zéro décès lié au Sida». AuCamerounleslogan était : "Jeunes et dépistage, Vers une génération sans Sida". Dans la région du Centre d’une manière général, les programmes liés au VIH/Sida implémentés par Plan–Cameroon visent apprend-t-on : « la mise en œuvre et l’appropriation de la lutte contre le Vih /Sida par les acteurs locaux, en particulier les communautés et les personnes les plus vulnérables que sont les femmes, les jeunes, et les personnes vivant avec le Vih Sida dans le district d’Okola ». L’objectif global est de contribuer à la réduction de la propagation de l’épidémie du Vih/Sida et de ses effets parmi les femmes et les hommes du district de santé d’Okola d’ici à septembre 2015. Concrètement, il est question d’accroître parfois jusqu’à 100 les pourcentages relever par l’enquête suscitée.

 

Nadège Christelle BOWA

ROUGEOLE

Le Cameroun en situation d’épidémie

 
Le gouverneur de la région du Nord-ouest a instruit une campagne de vaccination pour la riposte dans son territoire qui compte déjà 106 cas.

 
L’information a été apprise sur les ondes de la Cameroon Radio Television (Crtv), station régionale du Nord-ouest à Bamenda vendredi dernier ; 106 cas de rougeole ont été notifiés dans 11 districts de santé de cette région. Deux des malades sont décédés et 85 autres sont sous traitement. Le gouverneur de ladite région, Adolphe Lélé  Lafrique, a instruit une campagne de vaccination dans les districts de santé affectés pour freiner l’évolution de l’épidémie.
Le Nord-ouest n’est pas la seule région à être frappée par l’épidémie de rougeole. Des cas ont été aussi enregistrés dans les régions du Centre. Récemment, un journal signalait que 150 cas avaient été notifiés dans la région de l’Ouest entre avril et juin 2015. Depuis une dizaine d’années, l’on a des épidémies de rougeole qui se signalent chaque dans différents coins du pays.  Selon les autorités sanitaires, 725 cas de rougeoles ont été signalés en 2014 pour  16 décès.
La rougeole est une maladie très contagieuse qui affecte principalement les enfants. Elle se manifeste par une forte fièvre qui peut atteindre 40°C, une conjonctivite accompagnée de l’écoulement des larmes aux yeux ; le malade a aussi un écoulement nasal et la toux. Il apparaît également des petites tâches blanchâtres sur la peau du patient. Elle est mortelle. Mais la vaccination permet de la prévenir ou tout au moins de l’atténuer si elle survient.
Le vaccin contre la rougeole est parmi les onze administrés gratuitement aux enfants de zéro à onze mois par le Programme élargi de vaccination (PEV). Cependant, selon le Dr Julius Ntamah, le chef d’unité régionale du pour le Nord-Ouest, cité par la Crtv Bamenda : « Jusqu’ici nous avons identifié cinq village du district de santé de Benakouma touchés par l’épidémie de rougeole. La cause principale de la résurgence de cette épidémie dans le Nord-ouest c’est la faible couverture de la vaccination de routine. Je profite de cette antenne pour exhorter les parents de tout mettre en œuvre pour que tous les enfants de zéro à onze mois complètent leurs calendriers de vaccination ».
Le rejet de la vaccination est manifeste au Cameroun depuis un certains nombre d’années. Les croyances religieuses, sociales et culturelles font que des parents n’acceptent pas facilement de faire vacciner leurs enfants contre des malades pourtant évitables par ce geste. Cette situation a placé le Cameroun parmi les pays exportateurs de la poliomyélite. Il y est resté pendant presqu’un an (Octobre 2013-juillet 2014). Il lui a fallu organiser  plusieurs campagnes de vaccination pour la riposte. L’entrée et la sortie du pays étaient même soumises à la présentation d’un carnet de vaccination contre la poliomyélite. Ainsi l’on redoute déjà de vivre la même chose avec la rougeole.
Adrienne Engono Moussang

LES COUACS DE LA VACCINATION DE ROUTINE

Santé publique

 
Malgré les nouveaux vaccins introduits au Pev, les maladies infectieuses évitables par ce mode de prévention prospèrent.
 
 
Ce mercredi 15 juillet 2015, le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, va présider  à Yaoundé, la cérémonie officielle de lancement du vaccin polio injectable (Vpi). Ce nouveau vaccin sera administré dans un premier temps  aux enfants de 14 semaines, en même temps que le vaccin polio oral (Vpo) jusqu’ici disponible dans les formations sanitaires et les points de vaccination du pays. Le Vpi va définitivement remplacer le Vpo. C’est ce qu’en a décidé l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Résultat escompté : éradiquer de la poliomyélite en 2018, conformément aux objectifs fixés par l’Oms qui a inscrit l’achèvement de la circulation du poliovirus sauvage comme urgence de santé mondiale lors de ses assises en 2012.
Si grâce à la mobilisation du Cameroun et des différentes couches sociales, la poliomyélite a pu être maîtrisée suite à l’épidémie qui s’est déclenchée en octobre 2013 et pour laquelle neuf malades ont été enregistrés,  il se pose toujours le problème de la vaccination de routine. Celle que coordonne le programme élargi de vaccination (Pev). Et c’est le lieu de s’interroger sur la nécessité d’introduire des nouveaux vaccins au Pev lorsqu’on sait que ceux déjà disponibles ont du mal à s’imposer au niveau des populations.
« Jusqu’ici nous avons identifié cinq villages du district de santé de Benakouma touchés par l’épidémie de rougeole. La cause principale de la résurgence de cette épidémie dans le Nord-ouest c’est la faible couverture de la vaccination de routine. Je profite de cette antenne pour exhorter les parents de tout mettre en œuvre pour que tous les enfants de zéro à onze mois complètent leurs calendriers de vaccination ». Cette déclaration du Dr Julius Ntamah, le chef d’unité régionale du Programme élargi de vaccination pour le Nord-Ouest, sur les antennes de la Cameroon Radio and Television (Crtv ), station régionale de Bamenda peut être collée à tous les responsables de santé de l’ensemble du territoire national. Le Nord-ouest est actuellement secoué par une épidémie de rougeole qui a déjà atteint 106 personnes à en croire le gouverneur de la région Adolphe Lélé Lafrique. L’autorité administrative a demandé aux responsables régionaux de la santé d’organiser une riposte au travers d’une campagne  de vaccination gratuite. La vaccination définie par le Dr Bikoy comme un procédé consistant à introduire un agent extérieur dans un organisme vivant afin de créer une réaction immunitaire positive contre une maladie infectieuse. La substance active d’un vaccin est un antigène destiné à stimuler les défenses naturelles de l’organisme.
Préjugés
Les autorités sanitaires qui ne se sont pas fait prier ont annoncé cette vaccination. Mais qui vont-ils vacciner? L’idiologie de certains leaders politiques et religieux présentant la vaccination comme un moyen pour freiner la procréation dans certaines couches sociales a réussi à s’imposer auprès d’un certain public. Au plus fort de l’épidémie de poliomyélite, alors que le Cameroun croupissait sous le statut de pays exportateur du poliovirus sauvage à lui attribué par l’Oms, les forces de maintien de l’ordre ont obligé un citoyen de la région de l’Ouest à laisser son fils recevoir les gouttes de vaccin.
Des investigations sur les cas de poliomyélite enregistrés au Cameroun entre octobre 2013 et juillet 2014 ont attesté que les enfants qui avaient contracté la maladie n’avaient pas été régulièrement vaccinés. Les conséquences ne sont pas seulement perceptibles pour la poliomyélite. «La prévalence de la rougeole reste élevée au Cameroun. Avec 1.184 cas suspects, dont 609 positifs et 73 décès. En 2013, l’on observe une flambée de l’épidémie avec 111 cas investigués et 26 cas positifs». André Mama Fouda peut aller plus loin.  « 1.184 malades de fièvre jaune, dont 111 cas ont été confirmés. Les ravages causés par les maladies évitables par la vaccination s’étendent aussi sur le plan mondial. Illustration 222 cas de polio virus sauvage ont été enregistrés, dont 127 cas en Afrique. » A elle seule, la rougeole cause les décès de 28.000 enfants chaque année, d’après le ministère de la Santé publique. La méningite n’est pas moins cruelle : En 2012, elle a tué 74 individus des sources sanitaires.
Sensibilisation
Pour l’anthropologue Célestin Ngoura, le gouvernement doit déployer des efforts pour communiquer et sensibiliser les populations afin que les sommes importantes qu’il affecte pour l’acquisition des vaccins ne soient pas un gaspillage et que les enfants soient suffisamment immunisés. Une jeune mère donne raison à l’universitaire. « Pendant ma grossesse, je n’ai pas entendu parler de vaccination lors des consultations prénatales. Or, c’est le moment propice pour sensibiliser sur l’importance des vaccins pour la mère et l’enfant », s’indigne Virginie Ateba, primipare.
Une étude a été réalisée par les responsables de la vaccination sur 310 enfants dont 160 filles et 150 garçons dont l’âge variait entre 16 et 48 mois. Toutes les mères étaient scolarisées et certaines avaient atteint le niveau du secondaire. Il s’est alors trouvé que les enfants correctement vaccinés étaient ceux des mères qui avaient un niveau de scolarisation aussi élevé. L’étude relève aussi la responsabilité du personnel vaccinateur qui doit lisiblement porter la date du rappel dans le carnet de l’enfant pour permettre au parent de se renseigner en temps opportun. Le revenu aussi. Le Cameroun s’était fixé d’atteindre un taux de couverture vaccinal de 88% en 2009. Jusqu’en 2014, il était de 72% environ sur l’ensemble du territoire.
Adrienne Engono Moussang