20/07/2015

SANTE DE REPRODUCTION

Le Cameroun à la recherche des financements
 
Le ministre de la Santé publique l’a confié mercredi au cours du lancement de la semaine du repositionnement de la Pf. 

« Ton avenir, ton choix, ta contraception » est le thème de la semaine du positionnement de la planification familiale (Pf) au Cameroun. Cette semaine est un moyen de sensibilisation du public sur la place qu’occupe la planification familiale.

En fait, 782 femmes sur 100.000 décèdent en voulant donner la vie, d’après l’enquête de santé de 2011. Pour inverser cette tendance, le Cameroun s’est doté (pour 2014-2020) d’un Plan national de santé maternelle, néo-natale et infantile, avec pour objectif d’atteindre le taux 30% de recours à la planification familiale d’ici 2020. Le financement de ce plan est de 37 milliards Fcfa. 52% ont été mobilisés par des partenaires au développement. Jusqu’ici, le gouvernement camerounais n’a pu réunir que 20%, moins de 8 milliards Fcfa. 45% environ restent à trouver.
Or, selon le ministre de la Santé publique (Minsanté), André Mama Fouda, la Pf n’est pas une limitation des naissances mais un ensemble de moyens permettant à un couple d’espacer les grossesses afin de donner à la mère plus de temps pour bien s’occuper de son bébé. La planification familiale préserve aussi la femme des grossesses et des accouchements à risque. Donc des décès pendant les enfantements. Les spécialistes de la santé sont tous d’accord que la situation alarmante des décès des femmes et des bébés vécue au Cameroun est le résultat de l’échec de la politique de contraception. Des organisations de la société civile portent régulièrement des plaidoyers en faveur d’une ligne budgétaire permanente pour l’achat des préservatifs et par-là pour une planification familiale plus efficace. Ces Ong condamnent la dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur en matière de Pf.
Des études concordantes des chercheurs montrent que si la réponse est donnée à tous les besoins en moyens modernes de contraception, la mortalité maternelle va baisser de 20% au moins tandis que  les grossesses non-désirées et précoces, qui sont les principales causes de la mortalité maternelle vont régresser de 75%.
Face à la presse mercredi dernier à Yaoundé, André Mama Fouda a lancé un appel en direction  des âmes de bonne volonté des secteurs privé et civil. Il leur a demandé de s’impliquer afin de gagner le pari face aux grosses non-désirées et aux avortements. Le Minsanté a quand même annoncé que le gouvernement camerounais va acheter des préservatifs masculins et féminins en nombre important. Sans pour autant dire le montant de l’enveloppe allouée pour cette tâche. La semaine de sensibilisation sur le positionnement de la planification familiale s’achève ce vendredi. 
Adrienne Engono Moussang

SANTE PUBLIQUE

Le poids des grèves du personnel médical sur les malades et leur famille

 
L’arrêt de travail dans les hôpitaux publics au Cameroun a des conséquences néfastes inestimables.
 
 
Un préavis de grève a été déposé auprès des administrations concernées le 22 avril dernier. Dès le 11 mai, seules les urgences et la maternité seront fonctionnelles dans les hôpitaux publics de Yaoundé et de Douala. Ceci n’exclut pas l’implication des formations sanitaires d’autres villes au Cameroun. Un autre mouvement de grève depuis plus de cinq ans. Un de trop peut-être. Mais pour quels résultats ?

« La souffrance des malades. Sans plus », clame un responsable au ministère de la Santé publique (Minsanté). Visiblement très remonté par cet autre arrêt de travail qui va encore paralyser les hôpitaux. Personne n’ignore cela. « Ce n’est souvent pas beau à voir. Puisque même les équipes affectées pour le service minimum aux urgences et à la maternité pendant la période de grève, sont en nombre insuffisant. D’habitude, nous devons aller gonfler les rangs pour les revendications à hors des pavillons. Il y a alors engorgement. Les interventions ne suivant pas toujours, les décès surviennent plus qu’en temps normal », soupire une infirmière à l’hôpital central, préparée pour le débrayage du 11 mai prochain. Celle-ci, sous le sceau de l’anonymat, incrimine  les pouvoirs publics. « Ils nous considèrent comme des moins que rien. Or l’hôpital fonctionne parce que nous existons. Même les médecins sont souvent aussi obligés d’arrêter le travail parce qu’ils ne peuvent pas continuer de consulter les malades pendant que nous manifestons», ajoute-t-elle. 
Le rythme n’est bien sûr pas le même au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Yaoundé par exemple, du fait de son statut (autonomie financière). « Nous accompagnons comme nous pouvons nos confrères et consœurs des hôpitaux publics. Mais nous ne pouvons pas totalement arrêter le travail. Chacun est à son poste étant donné que beaucoup d’entre nous sont des travailleurs recrutés par le Chu. Il n’y a environ que 150 personnes venues du ministère de la Santé publique », mentionne une infirmière de cet hôpital. Mais l’arrêt de travail dans d’autres hôpitaux ne manque pas d’affecter aussi  le Centre hospitalier universitaire de Yaoundé très souvent débordé des patients pour une capacité pas toujours adéquate.
 Ces débrayages ont laissé pas mal de tristes souvenirs aux usagers qui les racontent avec beaucoup d’amertume. « Quand on compte le nombre de fois que le personnel médico-sanitaire a fait grève au Cameroun, on se demande si le gouvernement en mesure l’impact sur la population. J’ai failli perdre mon fils en 2012. Il devait être opéré de toute urgence suite à une occlusion intestinale. Si je n’avais pas eu les moyens financiers et un véhicule pour le conduire dans une formation sanitaire privée, il serait mort», se remémore un parent. Un autre malade ne cache pas sa colère. « Le médecin ne m’a pas reçu en 2013 alors que je venais de l’Ouest pour son rendez-vous qu’il m’avait fixé lui-même. J’ai été obligé d’attendre le mois suivant, étant donné que ce spécialiste est très sollicité. Imaginez la conséquence sur l’évolution de mon mal ! », S’indigne-t-il.

Classification professionnelle
Au ministère de la Santé publique ces désagréments  sont bien  perçus. Cependant : « ces syndicalistes veulent distraire l’opinion. Nous devons encore bien restituer l’histoire de la fête du travail. Être syndicaliste c’est aussi pouvoir présenter un bilan d’activités chaque année en prélude au 1er mai. Celui des personnels médico-sanitaires ne porte qu’un seul point chaque année : les grèves pour des revendications », susurre une source au (Minsanté). Ici, le préavis de grève a été déposé, mais comme ça commence à être ennuyeux, tout ceci est qualifié d’agitation. « Aujourd’hui ce sont d’autres personnes (malades) qui souffrent pendant que eux ils appellent à la grève. J’espère qu’à leur tour, ces grévistes ne seront pas malades. Ils ne mesurent pas les dangers de leur mouvement sur des Camerounais et même des étrangers malades. Il y a quelques jours, ils ont défilé avec des tenues  achetées par le budget du ministère de la Santé publique. Ils ont ripaillé à tel point que beaucoup de ceux qui étaient de garde n’ont pas pu aller au travail le soir et le lendemain du 1er mai. Pourquoi n’ont-ils pas posé leurs revendications sur la table. Des revendications qui ne sont pas du seul ressort du ministère de la Santé », se déchaîne cette même source qui a requis l’anonymat.

Un discours que les syndicalistes n’acceptent pas. Eux qui pensent que leur objectif  n’a jamais été de nuire aux malades encore moins à une autorité quelconque. Mais améliorer les conditions de travail de ceux qui font la force des formations sanitaires du pays. Une liste de revendications à 16 points comprenant entre autres l’amélioration des salaires, le paiement des quote-parts, la classification professionnelle.
Adrienne Engono Moussang

 

LUTTE CONTRE LA POLIOMYELITE

Un nouveau vaccin introduit au Pev
 
Il sera inoculé aux enfants de trois mois et demi dès le 15 juillet prochain.
 
La cérémonie de lancement officiel du Vaccin polio injectable  (Vpi) aura lieu le 15 juillet prochain à Yaoundé. L’annonce a été faite par le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda. C’était ce mercredi  au cours d’un point de presse.
Ce nouveau vaccin  qui est le cinquième introduit au Programme élargi de vaccination (Pev) depuis 2004 n’est pas nouveau dans le monde. Mais  a nuancé le ministre, il est administré dans des pays qui ont éradiqué le poliovirus sauvage de leur territoire. Le Cameroun a réussi à acquérir ce statut il y a un an. Ceci après une épidémie qui s’est étalée  d’octobre 2013 à juillet 2014. Neuf cas de polio ont alors été détectés. Ce qui a conduit à des campagnes de vaccination de riposte sur l’ensemble du territoire et certaines fois, en synchronisation avec des pays voisins comme le Nigeria.
Cette mobilisation qui s’est faite grâce aux partenaires comme l’Alliance internationale pour la vaccination (Gavi), l’Organisation mondiale pour la santé (Oms), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), la Fondation Clinton, la société civile et les médias a porté des fruits.
Une fois sorti de cette zone qui n’a pas manqué de causer des désagréments à bon nombre de citoyens  quand on sait qu’il n’était pas possible pendant cette période, de sortir du pays ou d’y entrer sans prouver qu’on s’est vacciné, il faut se maintenir au rang des pays moins dangereux. L’introduction du Vpi répond alors à cette préoccupation. Lui  (Vip) qui, à en croire le Dr Marie Kobela, secrétaire permanente du Pev,  réduit en même temps  la résurgence la vulnérabilité mondiale au poliovirus sauvage et facilite l’interruption de la flambée du type2 en garantissant une réponse unitaire plus rapide.  Sil faut dire qu’en 2012 l’Oms a inscrit l’achèvement de la circulation de la poliomyélite comme urgence de santé mondiale. 2018 a été arrêtée comme année butoir pour l’atteinte de cet objectif.
A cet effet, dans un premier temps, le Cameroun qui a introduit le Vaccin polio injectable dans le programme élargi de vaccination sur l’ensemble du territoire, va l’inoculer en même temps que le Vaccin polio oral à tous les enfants âgés de trois mois et demi. Le Vip ne va pas tout de suite remplacer le Vpo. Le processus de ce remplacement va graduellement s’opérer jusqu’en 2018.
Mais des préoccupations remontent quant à la faisabilité de cette opération. Le Vpo est moins cher et plus pratique  que le Vpi qui lui a besoin de seringue et de personnel qualifié pour son administration.  Le ministre de la Santé publique a insisté pour que le personnel sanitaire prenne ses responsabilités lors des séances de vaccination afin que le polio soit définitivement un vieux souvenir au Cameroun. Il a aussi appelé les parents à accepter de faire vacciner leurs enfants.
 
Adrienne Engono Moussang