30/03/2016

MORTALITE MATERNELLE

La contribution du Mécanisme Global Financial Facility expliqué

Le GFF rassemble des partenaires pour fournir un financement intelligent, à l’échelle et durable pour obtenir et mesurer des résultats de Srmnea au niveau national. Ce fonds fiduciaire devra permettre au Cameroun de réduire le taux de mortalité maternelle en hausse alors que la tendance mondiale est en baisse.

 

panel.jpgEn prélude à la réunion  d’échanges et de restitution pour le renforcement du positionnement des préservatifs féminins parmi les 13 produits d’importance vitale prioritaires dans les stratégies nationales de santé Mère et enfant et le mécanisme Global Financial Facility (Gff) en français : Mécanisme de Financement Mondial en soutien à Chaque Femme Chaque Enfant, le vendredi 1er avril 2016, l’Ong Femmes-santé-développement (Fesade) a organisé ce jour un point de presse dans son Centre de ressources à Yaoundé. La rencontre qui s’est tenue en présence Saskia Hüsken de Rutgers, une organisation néerlandaise basée aux Pays-Bas, partenaire de Fesade, portait entre autres sur la présentation du projet susmentionné. D’après Urbain Abega Akongo, Coordonnateur de Fesade, le Gff qui veut mobiliser une subvention de 2,6 milliards de dollars soit environ 1500 milliards de Fcfa pour 62 pays dans le monde, dispose déjà de 875 millions de dollars (environ 500 milliards Fcfa) qu’il met progressivement à la disposition des pays qui en font la demande.

Notre pays fait partie des 12 pays de la 2e vague des bénéficiaires du Gff. « Le Cameroun compte mobiliser 134 millions de dollars (environ 75 milliards Fcfa) par an pendant 3 ans comme ressources supplémentaires en soutien à la Srmnea [santé de la reproduction, de la mère, du nouveau-né, de l'enfant et de l'adolescent, Ndlr] », a indiqué Urbain Abega Akongo face aux journalistes. Il ajoute s’agissant du rôle central du Gff que ce mécanisme entend donner la priorité aux questions traditionnellement sous-financées tels que la planification familiale, la nutrition, les systèmes d’enregistrement et de statistiques de l’état civil (Esec). Mais aussi adresser les besoins des populations historiquement négligées à l’instar des adolescents et utiliser des analyses d’équité pour identifier et donner la priorité aux populations défavorisées et vulnérables. Ces effets combinés permettraient de prévenir 24 à 38 millions de décès de femmes, d’adolescents et d’enfants d’ici à 2030. Et au Cameroun, de réduire entre autres le taux de mortalité maternelle estimé à 782 décès pour 100 000 naissances vivantes.

La société civile a un important rôle à jouer dans l’atteinte des objectifs fixés. Au Cameroun, proche de la cible visée, cette dernière s’est déjà mobilisée et accompagne le gouvernement dans l’élaboration de son dossier d’investissement, sa stratégie de financement, qui font partie des pièces à fournir pour bénéficier de ce financement. Elle reste convaincue comme le témoigne Suzanne Ngnié partant de l’expérience de la Swaa-Cameroun, que le préservatif féminin est un outil sur lequel l’on devra s’appuyer pour améliorer la santé de la mère, de la jeune fille ; « les garçons ne sont pas en reste. C’est le seul outil de planification familiale qui soit accessible à la femme. C’est vrai qu’il faut négocier avec le partenaire mais dernier mot d’utilisation revient à la femme ». Mais rassure Saskia Hüsken, « il n’est pas question de remplacer le préservatif masculin, mais d’adoption du préservatif féminin pour une sexualité qui rime avec bonne santé ». Afin de s’assurer que ce produit bénéficie d’un accueil plus favorable auprès des populations, des actions affirme Gystiane Valérie Tsemo, chargée des programmes à Fesade, sont menées par de nombreuses organisations. Au cours de cette rencontre, la mobilisation dans ce chantier de Jnmap/ Rejosade (Réseau des journalistes pour la santé et le développement) a été fortement appréciée.

Nadège Christelle BOWA

 

CONTRE LES INFECTIONS ORL

Une autre raison de pratiquer l’allaitement maternel

Selon une étude américaine, outre les autres bienfaits qu’on lui connaît déjà, l’allaitement maternel contribue aussi à réduire les taux d’infections Orl chez les bébés.

Cela fend parfois le cœur d’entendre son bébé tousser. Angines, otites, rhinos, oreillons... même les affections bénignes peuvent être très douloureuses chez les tout-petits. Des pleurs, des nuits agitées, la douleur accompagne de très nombreuses maladies infantiles. Selon les médecins, la zone « nez gorge oreilles » est la cible privilégiée de nombreux virus et bactéries. Les troubles Orl (Oto-Rhino-Laryngologie) constituent ainsi l'une des premières causes de consultation pour le bébé. Il n'est pas acceptable de laisser les enfants souffrir alors qu'il existe de nombreux moyens pour les soulager. Au rang de ces moyens, l’allaitement maternel dont les recherches scientifiques prouvent l’indéniable supériorité. Une étude de l’University of Texas Medical Branch à Galveston établit que l'allaitement maternel contribue aussi à réduire les taux d'infections Orl chez les bébés, en particulier de l’oreille rapporte www.santelog.com

Menée sur la période d’octobre 2008 à mars 2014, cette étude américaine, relève que les taux d'infections de l'oreille pendant la première année de vie de l’enfant diminuent, globalement, en comparaison des incidences issues de précédentes études menées à la fin des années 1980 et 1990 : de 18 à 6% chez les enfants âgés de moins d’1 mois, de 39 à 23% chez les enfants âgés de 3 mois, et de 62 à 46% chez les enfants âgés d’1 an. Pour comprendre cette réduction des taux d’infection et les expliquer, les chercheurs ont regardé quel pouvaient être les facteurs positifs. Sur cette période 2008-2014, l’étude a suivi 367 bébés, au départ âgés de moins d’un mois et ont pris en compte les antécédents médicaux familiaux, en particulier d’infections ORL et de l'oreille, de tabagisme et le mode d’allaitement de l’enfant. Des échantillons de mucus, du nez et de la gorge ont été régulièrement prélevés chez les petits participants. De plus, les parents informaient les chercheurs des signes d’infection, chez l’enfant, de l'oreille ou des voies respiratoires supérieures. Un médecin de l'étude examinait alors le bébé dans les 5 jours.

…Et la mort prématurée

bébé qui tête.jpgL’analyse montre que les principaux facteurs de réduction de ce type d’infections, sont : l'allaitement maternel, la vaccination (peut-être comme co-facteur d’un bon suivi médical de l’enfant), le taux de tabagisme au foyer. Ainsi, l’absence d’allaitement maternel apparaît comme un facteur majeur de risque d'infections de l'oreille explique le Dr Tasnee Chonmaitree, professeur de Pédiatrie : « L'allaitement maternel prolongé est associé à une réduction significative des rhumes et infections de l'oreille ». Le praticien ajoute : « Il est probable que les interventions médicales développées au cours des dernières décennies, comme l'utilisation des vaccins contre la pneumonie et la grippe et que la diminution du tabagisme, aient également contribué à réduire l'incidence des infections Orl chez l’enfant ».  Les auteurs rappellent que l’otite moyenne aiguë est l'une des infections infantiles les plus courantes et la principale cause de consultations pédiatriques. Enfin, l’incidence d’infections de l'oreille avant l’âge de 6 mois augmente le risque de récidive plus tard dans la vie.

Les multiples bénéfices de l’allaitement maternel se recrutent autant au plan sanitaire qu’économique. « Breast is best » car si pour l’enfant, c’est la première arme contre le risque de décès prématuré et contre la maladie et même un rempart contre la pauvreté, c’est aussi un investissement durable en ses capacités physiques, cognitives, et sociales. En effet, affirment les médecins, l’allaitement maternel est un moyen les plus simples, les plus sains et les moins coûteux pour s’assurer que les besoins nutritionnels du nourrisson sont couverts. Selon l’Oms et l’Unicef, si tous les bébés étaient nourris exclusivement au sein dès la naissance et durant les six premiers mois, un million de vies seraient sauvées chaque année dans le monde. Au Cameroun où seulement 20% des enfants allaités au sein, ce sont environ 33% des enfants de moins de 5 ans affectés par le retard de croissance qui seraient sauvés ; ce sont également 44% d’enfants qui seraient sortir des griffes de la malnutrition dont les conséquences sont parfois irréversibles. Soit 60 000 enfants qui protégés d’une mort prématurée.

Nadège Christelle BOWA

Source Le Messager du mercredi 30 mars 2016

 

MORTALITE INFANTILE

Un nouveau né meurt toutes les six heures au Cameroun

La faiblesse du plateau technique, le non professionnalisme du personnel soignant parmi les causes de ces nombreux décès de bébés dans nos institutions sanitaires.

image nourrisson.jpg 

Couplé à ceux des jumeaux Koumatekel, les décès des quintuplés de la  famille Kimi à l’Hôpital central de Yaoundé risquent dans un avenir proche, de faire de nouveau hausser le taux de mortalité infantile au Cameroun. Surtout si rien n’est fait. Selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) 2011, le taux de mortalité des enfants de moins de 5ans est de 122 pour 1000 naissances vivantes, celui de la tranche de moins d’un an de 62 décès pour mille naissances vivantes, alors que  le ratio de mortalité maternelle est passé de 430 à 782 décès pour 100 000 naissances vivantes entre 1998 et 2011. Et les statistiques actuellement disponibles sur le nombre de cas par jour ne sont guère reluisantes. Celles-ci font état de ce que : « une femme meurt toutes les deux heures, un nouveau-né meurt toutes les six heures ».

En cause d’après Dr Jeannette Wogaing, interviewée par nos confrères de Sweet-Fm, la carence en personnel et la faiblesse du plateau technique dans nos formations sanitaires.  En 2011, seulement 129 sages-femmes avaient été recensées au Cameroun, - dû entre autres au fait de la suspension de leur formation depuis 1987-, pour un besoin estimé à 5400, selon les normes internationales. « Dans toutes nos maternités publiques, on n’a pas de médecin, ce sont les infirmiers, comme je l’ai toujours dit. On doit avoir les sages-femmes qui réfèrent la malade auprès du médecin », martèle l’auteur d’une thèse intitulée : « Maternité et décès maternels à Douala (Cameroun) : approche socio-anthropologique ». Cette situation pourrait être résolu à travers la mise en œuvre du programme de renforcement de ressources humaines en santé de la reproduction initié par l’Etat du Cameroun en particulier et  du Programme Multisectoriel de lutte contre la Mortalité Maternelle, Néonatale et Infantile en général, qui bénéficie d’un appui  financier et technique du Fonds des Nations Unies pour la Population (Unfpa).

Couveuse

La problématique de la qualité voire de la quantité du plateau technique persiste. Causant de nombreux décès de bébés : « Parce qu’il n’a pas été bien pris en charge, parce qu’il y a eu infection, parce qu’il est prématuré, parce que le plateau technique ne peut pas le prendre en charge. C’est un problème qui va durer encore et encore ». En outre poursuit l’anthropologue, « Le fait que les couveuses ne soient pas toujours dans les salles de naissance est aussi un problème ». Car explique cette dernière, « Parce qu’il y a parfois, les services de la néonatalogie ou les services de la prématurité…si le fœtus sort avant un certain terme, on ne pourra même pas le transporter de l’espace de naissance pour le lieu où il faut le mettre en couveuse ». Et de citer en exemple le cas de l’hôpital central de Yaoundé. « Quand il y a saturation à la maternité, il faut aller au niveau de la Fondation Chantal Biya qui est quand même éloigné par rapport au pronostic vital du prématuré ».

Cet espace devrait à son avis se trouver directement dans les maternités. « Il y a des enfants qui naissent ayant des insuffisances respiratoires. Il faut les transporter vers les salles de réanimation. Alors qu’il devait avoir cet espace là dans la maternité. Donc nos maternités sont incomplètes en termes de service qualité et en termes de qualité du personnel », déplore encore ce médecin. S’agissant du séjour des nouveau-nés dans les couveuses, leur coût varie en fonction de la formation sanitaire. Soit par exemple 5000Fcfa, la nuit à l’hôpital Laquintinie de Douala. Ces frais s’élèvent à 13 500 pointés pour dix jours à la Fondation Chantal Biya. Tant pis si vous en faites moins !

Nadège Christelle BOWA

source Le Messager n°4544 du mercredi 30 mars 2016